Bourse | 14 janvier 2021

Biais psychologiques et émotions de l’investisseur en bourse

Cet article s’inscrit dans une série de 2 articles consacrés à la psychologie des traders et investisseurs, plus généralement aux biais psychologiques que nous rencontrons lors de nos investissements et tradings boursiers.

En effet, ce point est essentiel, car ils sont très souvent la cause de nos échecs les plus cuisants, mais aussi de nos plus beaux succès.

La différence entre le succès et d’échec réside dans deux points :

1/ Être conscient de nos faiblesses et biais psychologiques

2/ Mettre en place des outils, méthodes et techniques pour ne pas être rattrapé par ces biais psychologiques

Personnellement, j’ai commencé à m’intéresser à la bourse et aux placements très tôt, lors de mon adolescence.

J’ai aujourd’hui 43 ans et je suis passé par toutes les étapes dans mon apprentissage de la bourse et des marchés financiers.

Si je dois retenir un point unique à l’origine de mes succès, échecs et apprentissages, c’est bien la psychologie qui est l’élément essentiel.

Erreurs et pièges dans lesquels tombent les débutants

Tout d’abord, la plupart des personnes qui commencent à investir en bourse le font sans aucunes formations.

Quand je parle formation, je ne parle pas d’un bac+5, spécialité trading et marchés financiers.

Avant d’investir réellement son argent sur les marchés, nous devons avant tout comprendre et être conscient de :

  • Comment fonctionne les marchés
  • Qu’est-ce que l’on achète
  • Quel est le risque
  • Quel est stratégie

Mais, la plupart des particuliers investisseurs arrivent sur les marchés sans aucunes connaissances,

avec en plus des espoirs de gain complétement irréalistes (certains pensent faire plusieurs centaines de % de performance par an).

La conséquence : des prises de risque totalement inconsidérées sans maîtrise des risques liés aux biais psychologies et bien souvent une perte de son capital. Dans ce cas autant aller jouer au casino.

Ces débutants qui perdent beaucoup dès leurs premiers pas en bourse

Les exemples sont nombreux, d’investisseurs et traders particuliers, débutants en bourse, qui dès leurs débuts se sont fait embarqués et piégés.

L’année 2020, avec la crise du Covid, et de la grande instabilité engendrée sur les marchés, de nombreuses actions ont eu des cours fortement volatiles.

Prenons l’exemple de l’action américaine HTZ (HERTZ), dès le début du grand confinement en mars, l’entreprise se retrouve en grandes difficultés, avec un cours passant de 20$ fin février 2020 à 0,5$ le 27 mai 2020.

Puis, une frénésie s’empare du titre, qui atteint le 8 juin 2020 les 6$.

Assez peu de néo-investisseurs sont rentrés dès le début de cette hausse, mais plutôt lorsque les cours se sont retrouvés vers les 4 ou 5$, dans un état d’esprit de FOMO (Fear Of Missing Out), la peur de rater le coup du siècle.

Effectivement, ça peut être tentant d’acheter une valeur 4 ou 5$, alors qu’elle en valait 20 quelques semaines plus tôt.

Or, un très grand nombre de néo-investisseurs se sont retrouvés piégés par ces biais psychologiques avec une action qui quelques jours plus tard ne valait que 1,3$.

Pourquoi j’insiste tant sur les biais psychologiques

Nous avons vu un exemple récent sur une action, mais regardons le marché action dans sa globalité à travers les indices.

Les actions sont haussières sur le long terme, prenons les 2 principaux indices US :

Le Nasdaq qui fait 12% en moyenne depuis 35 ans (c’est-à-dire 10.000$ placé début des années 86 valent aujourd’hui 520.000$)

Le SP500, qui représente les 500 plus grosses société US, fait en moyenne près de 9% par an depuis 40 ans (c’est-à-dire 10.000$ placé en 1980 valent aujourd’hui 314.000$)

Mais cette hausse, tout comme pour les actions individuelles n’est pas régulière, et c’est là que les biais psychologiques entrent en jeu.

Regardons ci-dessous le graphique du CAC40 depuis sa création en 1987 :
Biais psychologiques CAC40

Les actions présentent sur le long terme un rendement intéressant, MAIS…

… la plupart des investisseurs et traders particuliers ne vont pas savoir gérer ces crises et…

  • vont acheter au pire moment
  • vont vendre au pire moment
Prenons l’indice SP500

Nous avons également le même phénomène avec des périodes de fortes chutes et instabilités, propice aux erreurs liées aux biais psychologiques.

Biais psychologiques SP500
Regardons d’autres actifs, avec l’exemple du bitcoin :
Biais psychologiques Bitcoin

Attention, le graphique est en échelle logarithmique.

Sur le long terme il est très fortement haussier, en passant de 250€ en mai 2016, à plus de 31.500€ au moment où j’écris cet article.

Cet actif illustre très bien les biais psychologiques, en 2016 et 2017, nous avons vu une hausse phénoménale, avec des effets moutonniers et tout un tas de biais psychologiques des investisseurs particuliers durant cette période de bulle.

Suivi d’une chute terrible en 2018 de -83%, passant de 17.000€ à un plus bas à 2.780€.

Enormément d’investisseurs particuliers se sont retrouvés piégés et un perdus une grosse partie de leur capital, en achetant au plus haut et en vendant au plus bas.

Tout ceci lié à un manque de connaissance des marchés, mais aussi à des biais psychologiques non maîtrisés.

Nous avons ici une illustration parfaite du cycle émotionnel du trader et de l’investisseur.

Le cycle émotionnel du trader et de l’investisseur

Le cycle émotionnel en bourse

Je ne vais pas faire un grand discours sur ce graphique, j’ai mis des commentaires et des illustrations pour bien comprendre ce graphique.

Si je reprends, mon exemple du bitcoin, fin 2017, en pleine bulle, on entendait tout le monde parlait du bitcoin, qu’il fallait en acheter, que c’était l’affaire du siècle, en décembre 2017, même Nabilla recommandait d’en acheter…

Nous étions dans la phase dans la phase euphorie, et un très grand nombre de particuliers en ont achetés à ce moment. Ils ont donc acheté au plus haut. Pris au piège par les biais psychologiques.

Mais dès début 2018, il chute jusqu’à plus de 80%, et là, à l’inverse, nous n’entendions que des commentaires du genre « c’est la fin du bitcoin », « le bitcoin va aller à zéro et disparaitre » …

Un grand nombre de particuliers, suivant ces conseils, ont vendus dans la phase « découragement/capitulation ».

Conséquences : des pertes colossales.

On pourrait multiplier les exemples sur de très nombreuses actions ou plus généralement les actifs financiers.

L’achat aux plus hauts et la vente aux plus bas est la conséquence directe des biais psychologiques non maîtrisés pour un trader et investisseur particulier.

Un investisseur qui souhaite avoir une performance solide et durable, doit mettre en place des stratégies d’investissement, des méthodes, qui neutralisent au maximum ces biais psychologiques.

Les biais psychologiques du trader

Définition de ce qu’est un biais psychologique (appelé aussi biais cognitif) :

C’est un mécanisme de pensée à l’origine d’une altération de jugement.

A cause de ce mécanisme, la prise de décision est faussée. Le schéma de pensée est trompeur et faussement logique.

Concrètement, en tant qu’investisseur, ces biais cognitifs sont à l’origine de la surévaluation ou de la sous-évaluation d’une situation, d’un contexte.

Ces biais psychologiques peuvent être divers : erreur de jugement, influence de l’environnement, un biais peut en engendrer un autre…

Les biais psychologiques et la finance comportementale assez peu connue du grand public, a connu un essor à la suite de la crise de 2008.

Travaillant sur cette matière, les économistes Richard Thaler en 2017 et Daniel Kahneman en 2002 ont chacun reçu un prix Nobel d’économie.

L’étude des biais psychologiques du trader et plus généralement la finance comportementale reste controversée

La finance comportementale est une application de la psychologie à la finance.

Dans la finance classique, on part du principe que les investisseurs analysent une situation, des données financières, des perspectives, un contexte macro-économique, le niveau de risque… et ensuite retiennent des solutions et stratégies d’investissement.

Or dans la réalité, plus précisément pour les investisseurs particuliers, tout se passe d’une manière bien différente.

L’investisseur est influencé par ses émotions, sa personnalité, ses habitudes, ses peurs, l’environnement (médias, interactions sociales), ce sont autant de facteurs irrationnels qui induisent des erreurs de jugement.

Dans le prochain article du blog Investisseur-Durable, nous allons découvrir les 11 biais psychologiques qui vous empêchent de gagner en bourse.

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A très bientôt,

Romain


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